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Comprendre l’opération de la myopie au laser
le 16/12/2024
La chirurgie réfractive, ou opération de la myopie au laser a le vent en poupe. Comment se déroule l’opération ? Quel remboursement ? Quels risques ? Questions-réponses
La myopie est un trouble fréquent de la vision qui concerne environ 40 % de la population, avec une projection à 60 % d’ici à 2050[1].La chirurgie réfractive, ou opération de la vue au laser, rencontre un franc succès auprès des personnes concernées depuis quelques années. Pour comprendre le déroulement de l’opération, les différents types de techniques chirurgicales, les risques et la prise en charge, le Professeur Louis Hoffart, chirurgien ophtalmologue et praticien à la Clinique Monticelli-Vélodrome (Ramsay Santé) à Marseille, répond à nos questions.
Qu’est-ce que la myopie ?
La myopie est un trouble de la vision qui se traduit par une vision nette de près et floue de loin. Se développant généralement pendant l'enfance et l'adolescence, elle peut continuer à progresser au cours de la vie. Son apparition et sa progression sont influencées par une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux :
- Les antécédents familiaux
- Les activités en vision proche prolongée (lecture, travail sur écran, smartphones)
- Le manque d'exposition à la lumière naturelle
Contrairement aux idées reçues, la grossesse n’a pas d’incidence sur la dioptrie (unité de mesure de la correction nécessaire pour une vision nette) à long terme.
Quelles sont les conditions d'une myopie opérable ?
Plusieurs conditions doivent être réunies pour envisager une chirurgie réfractive de la myopie :
- La myopie doit être stable depuis au moins 1 à 2 ans, avec une variation de correction inférieure à 0,5 dioptrie par an
- L'âge minimum recommandé est généralement autour de 20 ans, lorsque la croissance oculaire est terminée
- L'épaisseur et la topographie cornéennes doivent être normales et compatibles avec la technique chirurgicale envisagée
Il existe par ailleurs différentes contre-indications à l’opération :
- La présence d'un kératocône (déformation de la cornée)
- Une sécheresse oculaire sévère, sauf si elle peut être traitée et stabilisée avant la chirurgie
Un examen ophtalmologique complet est nécessaire pour vérifier l'absence d'autres pathologies oculaires contre-indiquant la chirurgie.
Quels sont les différents types d'interventions possibles ?
Il existe trois principales techniques de chirurgie réfractive au laser pour corriger la myopie, chacune ayant des indications spécifiques :
- La photokératectomie réfractive (PKR) est une technique de surface où le laser modifie directement la courbure cornéenne après retrait de l'épithélium. Cette technique est particulièrement adaptée aux myopies faibles à modérées et aux cornées fines. La récupération visuelle prend généralement 1 à 2 semaines, avec une période d'inconfort les premiers jours.
- Le LASIK (Laser-Assisted In Situ Keratomileusis) utilise deux lasers différents : un premier pour créer un volet cornéen et un second pour remodeler le stroma cornéen sous-jacent. Le volet est ensuite repositionné. Cette technique permet une récupération visuelle rapide (24 à 48h) et peut traiter un large spectre de myopies.
- Le SMILE (Small Incision Lenticule Extraction) est une technique plus récente, datant de 2009, utilisant uniquement un laser pour découper une lenticule dans l'épaisseur de la cornée, qui est ensuite extrait par une micro-incision. Cette technique préserve mieux la biomécanique cornéenne, et est donc notamment conseillée aux patients pratiquant des sports de contact ou des activités à risque de traumatisme oculaire.
Les résultats sont probants : 90 à 98 % des patients atteignent une vision de 100 % après l’intervention sans correction[1]. Aujourd’hui, le LASIK et le SMILE constituent les deux techniques les plus communément utilisées mais elles ne peuvent être préconisées au-delà de 8 à 10 dioptries de myopie. Il faut alors envisager une autre opération : les implants phaques. Le chirurgien pose une lentille sur mesure devant le cristallin du patient sous anesthésie locale ou générale.
Comment se déroule une opération de la myopie au laser ?
Tout d’abord, la consultation préopératoire permet de recueillir les informations importantes et percevoir d’éventuelles contre-indications. Le patient devra retirer ses lentilles au moins trois jours avant cet examen pour obtenir des mesures fiables de la surface de l’œil. Le jour J, l’opération est réalisée en ambulatoire, elle ne nécessite pas d’hospitalisation. Indolore, elle ne dure qu’une heure et demie environ. L’anesthésie est locale, via des gouttes dans les yeux. Pendant l’intervention, le patient doit regarder les cibles lumineuses. L’opération de la myopie étant considérée comme un acte de chirurgie “esthétique”, elle ne donne pas lieu à un arrêt de travail.
Après l’opération, le patient est examiné. À sa sortie, il doit être accompagné d’un proche, car sa vue sera floue pendant les heures qui suivent l’intervention. Il pourra retravailler dès le lendemain sans lunettes. En fonction du niveau de dioptrie, le patient recouvrera environ 90 % de sa vision dès le lendemain. Il y aura toutefois une phase de cicatrisation d’environ trois mois au cours desquels la vue continuera de s’améliorer. Un rendez-vous post-opératoire est prévu quelques jours après l’intervention pour s’assurer de la bonne cicatrisation de la cornée.
Quels sont les risques d’une chirurgie réfractive ?
La chirurgie réfractive moderne est très sécurisée grâce aux technologies de contrôle laser informatisées et de suivi des mouvements oculaires. Les complications graves sont très rares, mais il existe quelques risques à connaître. Le risque d'infection post-opératoire est très faible et est prévenu par un traitement antibiotique. La sécheresse oculaire temporaire est fréquente (environ 30 % des cas[2]) et nécessite un traitement par larmes artificielles pendant plusieurs mois. Dans 1 à 5% des cas, la correction peut être imparfaite et nécessiter une reprise chirurgicale après trois à six mois. Il est important de noter que l'opération ne prévient pas l'apparition naturelle de la presbytie après 45 ans. La vision peut également continuer d'évoluer sur le long terme, particulièrement chez les patients jeunes ou ayant une forte myopie initiale, d'où l'importance d'un suivi régulier.
Quel est le prix d’une opération de la myopie ? Quelle prise en charge ?
Le prix varie selon la technique utilisée et l'établissement. La chirurgie réfractive de la myopie n'est pas remboursée par la Sécurité sociale car elle est considérée comme une intervention de confort. Cependant, certaines mutuelles peuvent prendre en charge une partie du coût selon le contrat souscrit. Il est alors conseillé de se renseigner auprès du praticien puis de sa mutuelle avant l'intervention pour connaître le montant exact de la prise en charge possible.
Bon à savoir : Chez les patients présentant à la fois une myopie et une presbytie, les deux troubles peuvent généralement être corrigés simultanément grâce à des techniques chirurgicales adaptées.
[1] Hôpitaux Universitaires de Genève - https://www.hug.ch/ophtalmologie/chirurgie-refractive-risques